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RÉSEAU SOCIAL SOLIDAIRE

La torture, un mal universellement partagé

09/12/2010

Le premier rapport annuel mondial de l’Action des chrétiens contre la torture estime que plus de la moitié des États membres de l’Onu pratiquent la torture.

Du supplice américain de la baignoire (“waterboarding”) à la bastonnade sur la plante des pieds (“falaqa”) dans les pays arabes, la torture est une pratique endémique et régulière dans le monde, note l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) dans son premier rapport annuel mondial.

L’ONG part d’un constat sans fard : « On peut raisonnablement estimer que plus de la moitié des États membres de l’ONU recourent à la torture ». Avant de dresser un tableau de la torture dans le monde à travers l’étude de 22 pays sur les cinq continents publiée jeudi 9 décembre.

« Endémique dans un grand nombre de pays, elle s’y exerce sur un mode régulier », note l’ONG en citant « les régimes totalitaires, les dictatures et de nombreux régimes islamiques, mais aussi les pays marqués par la fragilité et la violence politique ».


Dans son étude intitulée “Un monde tortionnaire”, l’ACAT décrit les méthodes de torture dans les pays étudiés, « de l’Érythrée où se pratique le supplice de la crucifixion, désigné sous l’appellation “Jésus-Christ”, à l’Ouzbékistan où se répand la nouvelle méthode de lavement forcé à l’eau et au piment ». La majorité des victimes sont des gens ordinaires

Anne-Cécile Antoni, présidente de l’ACAT-France, rappelle que si les situations de torture les plus médiatisées concernent journalistes, syndicalistes ou défenseurs des droits de l’Homme, « la majorité des victimes est formée de suspects ordinaires et de détenus de droit commun, qui appartiennent aux catégories défavorisées et vulnérables de la population ».

L’ACAT rappelle la définition assez large que donnent les Nations unies de la torture : infliger une souffrance aiguë, physique ou mentale, de manière intentionnelle, à la recherche d’un but spécifique, avec l’intervention d’un agent représentant l’État.

En Afrique, « les régimes dictatoriaux ou à tendance dictatoriale, tels que la Mauritanie, le Soudan, le Zimbabwe, l’Éthiopie, l’Érythrée, la Guinée équatoriale et la République démocratique du Congo (RDC), érigent la torture en véritable système d’enquête et de répression au service de l’appareil sécuritaire », selon l’ACAT.

« Le recours à des méthodes violentes et notamment à la torture demeure très répandu au sein des forces de l’ordre » en Amérique latine, « héritage de décennies de dictatures militaires. »

L’association relève aussi le danger de certaines législations anti-terroristes qui couvrent la recrudescence de l’usage de la torture : « le cas de la Tunisie est à cet égard emblématique ».

En Chine, comme en Iran, la torture a souvent pour objectif d’obtenir des aveux en vue d’un procès, selon l’ONG. La France montrée du doigt

L’ACAT montre aussi du doigt certaines démocraties occidentales, dont l’Espagne pour le régime de détention “incommunicado” (lorsqu’un prisonnier n’est pas autorisé à communiquer avec des personnes extérieures à son lieu de détention), qui entraîne un risque de mauvais traitements et la France pour sa « politique pénale privilégiant l’adoption de lois répressives » et la surpopulation carcérale.

L’ONG dénonce aussi les euphémismes utilisés par certains États, comme le choix du mot“ waterboarding”, souvent traduit en français par “simulacre de noyade”, que l’ACAT assimile au “supplice de la baignoire” et estime être « sans l’ombre d’un doute » une torture.

Le “waterboarding” est officiellement proscrit aux États-Unis depuis l’arrivée au pouvoir de Barack Obama.

L’ACAT, créée en 1974, apporte son soutien aux victimes de la torture et sensibilise l’opinion publique sur la torture, la peine de mort et les droits de l’Homme. Elle revendique 10 000 adhérents et 40 000 sympathisants.



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