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RÉSEAU SOCIAL SOLIDAIRE

Tchad : bataille France/USA pour le pétrole

Darfour : n’oublions pas le pétrole.

Source, blog :Le Blog Finance / Le 17 avril 2006
- Par Elisabeth Studer

La bataille tant redoutée par les experts, pour obtenir la suprématie sur le pétrole tchadien est désormais lancée, américains et français en étant les principaux protagonistes. La Chine ne devrait pas être loin cependant, pour suivre d’un oeil très attentif la situation, afin de pouvoir intervenir au moment qu’elle jugera opportun, fidèle ainsi à sa stratégie ... laissant ainsi le soin aux autres puissances d’effectuer à leurs frais les "opérations" préliminaires.

Les Etats-Unis ne feraient-ils pas en fait que prolonger les conflits du Darfour voisin, en appliquant les mêmes principes : un seul chiffre suffit à lui tout seul à résumer la situation. Darfour : 2 millions de morts ... mais aussi 2 millions de barils/jour attendus en 2008 en terme de volume d’exportations de pétrole.


1 - Le Tchad accepte l’offre d’une médiation américaine

Le gouvernement tchadien a annoncé lundi avoir accepté une offre de médiation américaine dans son litige avec la Banque mondiale portant sur l’exploitation de son pétrole des gisements de Doba. Le gouvernement a publié un communiqué annonçant que la date-limite fixée à la Banque mondiale était repoussée à la fin du mois d’avril et qu’il acceptait une offre de “bons offices” de l’administration américaine dans ce litige. Suite à la décision du gouvernement d’arrêter l’exploitation du pétrole de Doba, le gouvernement américain s’était proposé d’intervenir pour trouver un compromis avec la Banque mondiale et demande au gouvernement de reporter sa décision d’arrêter l’exploitation et la commercialisation du brut tchadien jusqu’à fin avril.

"Le gouvernement est heureux d’accepter l’offre de médiation du gouvernement américain et a décidé d’accorder le répit pour cette médiation proposé par le département d’Etat, à savoir jusqu’à la fin du mois d’avril", précise le communiqué diffusé sur les ondes de la radio nationale tchadienne. Un membre du département d’Etat américain, Jendayi Frazer, expert des dossiers africains, est attendu dans la capitale tchadienne à une date qui n’a pas encore été précisée.

Exxon Mobil et Chevron et le malaisien Petronas sont les membres du consortium qui exploite les gisements. Dans son communiqué, le gouvernement tchadien précise avoir demandé à ces trois compagnies pétrolières de verser directement leurs redevances au Trésor tchadien. Outre le gel des avoirs pétroliers tchadiens, la Banque mondiale a suspendu le 12 janvier ses prêts à ce pays en reprochant à N’Djamena d’avoir enfreint leurs accords.

Le Premier ministre tchadien a reçu l’ambassadeur des Etats-Unis et le consortium pour leur annoncer que le gouvernement accueille avec bienveillance l’offre de médiation du gouvernement américain et qu’il décide de donner du temps à cette médiation dans les délais proposés par le département d’Etat américain.

La Banque mondiale, qui a financé la construction de l’oléoduc acheminant le pétrole de Doba, dans le sud du Tchad, au terminal de Kribi au Cameroun, sur le golfe de Guinée, a gelé depuis cinq mois les avoirs pétroliers tchadiens. La mesure a été prise en rétorsion à la décision du gouvernement du président Idriss Déby de revenir en décembre 2005 sur son engagement de verser 10% des revenus pétroliers à un "fonds pour les générations futures", préférant financer des dépenses immédiates, que de nombreux analystes estiment être des dépenses militaires.

2 - Le Tchad reporte sa menace d’arrêter sa production

N’Djamena a repoussé dans le même temps de deux semaines son ultimatum à la Banque mondiale. Pour rappel, le Tchad avait annoncé vendredi, au lendemain des combats qui avaient permis à son armée de repousser une offensive des rebelles du Front uni pour le changement (Fuc) devant N’Djamena, qu’il suspendrait sa production de brut de 200 000 barils par jour, à partir du 18 avril, s’il ne récupérait pas d’ici là ses revenus pétroliers bloqués en raison du conflit qui l’oppose à la Banque mondiale.

Mais, à la suite de la proposition de médiation des Etats-Unis, le gouvernement tchadien a décidé de reporter à la fin de la semaine sa menace, précisant "reporter la fermeture des vannes jusqu’à l’aboutissement de la médiation américaine", selon un communiqué du ministre tchadien de la Communication. La Banque mondiale a ordonné en janvier le blocage des revenus pétroliers tchadiens placés sur un compte bancaire britannique après la décision de N’Djamena de modifier unilatéralement une loi sur la gestion des revenus pétroliers parrainée par l’institution internationale.

3 - Pétrole : véritable enjeu des conflit du Soudan voisin et du Tchad

Géographiquement, le Soudan occupe une position stratégique importante. La Chine est en effet en train de consolider ses positions dans le pays, qui pourront alors servir de plate-forme pour le commerce et le transport du pétrole entre l’Afrique Centrale, le Moyen-Orient et la Chine elle-même. Cette situation est inacceptable pour Washington, qui envisagerait même de diviser le Soudan en deux, voire en plusieurs entités séparées si cela devait s’avérer être le seul moyen d’assurer son accès aux champs pétroliers... de là à être à l’origine des conflits actuels du Tchad voisin ...

Parmi les différents groupes qui composent les milices du sud, l’administration américaine a particulièrement favorisé ceux qui revendiquent la sécession. Un certain nombre de "missions Chrétiennes", bénéficiant d’importants soutiens financiers aux Etats-Unis, s’efforcent depuis plusieurs années d’alimenter la haine raciale contre les "Arabes".

Mais la politique de l’administration américaine ne se laisse pas influencer par des considérations religieuses. Non seulement le gouvernement américain a fourni entraînement militaire, armes et argent à l’APLS, mais il a aussi accordé son soutien au « Mouvement pour la Justice et l’Egalité » (JEM) basé au Darfour. Le JEM est lié au fondamentaliste Al Tourabi, qui a aidé Al Bachir a accéder au pouvoir en 1989. Al Tourabi fut évincé par Al Bachir en 2000, et signa un accord avec le APLS en 2001. Il est actuellement détenu par les autorités à Khartoum.

Sous la pression de Washington, un accord sur la guerre dans le sud a finalement été signé début 2004, sur la base du « Protocole de Machakos » : il prévoit une division des ressources pétrolières entre le gouvernement de Khartoum et une « administration autonome » dans la sud, avec la promesse d’un référendum sur l’indépendance du sud après une période de transition de six ans.

Si cet accord était appliqué,cela signifierait que le sud « autonome », bien que nominalement sous l’autorité de l’aile politique de l’APLS, deviendrait en fait un Etat pétrolier satellite de "l’impérialisme" Américain. Ce marché signifie effectivement la marginalisation de la France et la main-mise des compagnies américaines sur une margeur partie des réserves de pétrole connues.

Cependant, les stratèges Américain ne se contentent pas de cela, et font pression désormais pour acquérir toujours plus de contrôle territorial, notamment sur les trois provinces du centre du Soudan. Seul le contrôle total du Soudan ... et désormais du Tchad .... ??? peut satisfaire les appétits des corporations pétrolières et des stratèges militaires américains. Leur véritable but est d’obtenir un "changement de régime". Par le moyen de harcèlements politiques et économiques et en apportant son soutien à tout groupe armé près à combattre le gouvernement de Khartoum, les Etats-Unis espèrent déstabiliser et finalement renverser le régime actuel du Soudan ... et du Tchad voisin ? L’installation d’un régime au service des intérêts américains ouvrirait les vastes réserves pétrolières du Soudan aux compagnies américaines, au détriment de leurs rivaux. La Grande-Bretagne, la Norvège et l’Italie soutiennent la stratégie américaine dans l’espoir de se voir attribuer une part du gâteau à un stade ultérieur.

4 - L’Union Africaine exprime son inquiétude sur le Tchad

Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) a exprimé vendredi sa grave préoccupation sur la situation au Tchad. Le conseil a décidé de "rester saisi de l’affaire, et a demandé à la commission africaine de continuer de suivre attentivement la situation et de la signaler dès que possible", indique un communiqué publié à l’issue de la 49ème réunion du conseil.

Le conseil souligne la nécessité pour le gouvernement tchadien "d’initier de toute urgence le dialogue avec toutes les forces politiques du pays, en vue de trouver une solution consensuelle aux problèmes qu’affronte le Tchad et de consolider le processus démocratique dans le pays". Le conseil encourage le président de la commission africaine Alpha Oumar Konaré à faire tout son possible pour faciliter ce dialogue. Il condamne les attaques perpétrées par les mouvements rebelles comme "une tentative inacceptable de renverser le gouvernement actuel par des moyens anticonstitutionnels". Il condamne également vivement les incursions d’éléments armés dans des camps de réfugiés au Tchad, et d’autres actes contraires au droit humanitaire international.

Lundi, les rebelles tchadiens ont attaqué des camps de réfugiés soudanais au Tchad, pays qui accueille quelque 17 000 personnes ayant fui le Soudan voisin, a rapporté l’agence onusienne pour les réfugiés (le HCR). Les rebelles ont échangé des tirs avec les forces de sécurité qui protégeaient ces camps, les rebelles seraient entrés dans les camps alors que la nourriture y était distribuée.

Le contexte politique au Tchad est actuellement extrêmement tendu, à l’approche de l’élection présidentielle prévue le mois prochain. Le président Idriss Deby a déclaré jeudi avoir repoussé une tentative armée pour le renverser, ajoutant que la situation dans la capitale était sous contrôle.

Par ailleurs, le président Deby a annoncé vendredi qu’il coupait toutes les relations diplomatiques avec le Soudan, estimant que le gouvernement soudanais était à l’origine d’attaque rebelle.

En 1980, la France a acquis des droits d’exploration et d’exploitation des ressources pétrolières dans le secteur nommé « Bloc B » (actuellement le « Bloc 5 »), qui couvre une surface de 120 000 kilomètres carrés s’étendant du nord au sud du pays entre Malakal et Bor, et vers l’Est en direction de la frontière éthiopienne.

Des sondages sismiques effectués par des ingénieurs français ont révélé que le bloc possède un potentiel considérable pour la production de pétrole.

Actuellement, le Soudan détient les plus vastes ressources de pétrole inexploitées d’Afrique, plus vastes même que celles du Golfe de Guinée. Les exportations de pétrole représentent désormais 70% du PIB du Soudan.

Cependant, en 1985, la France fut contrainte de suspendre ses activités dans cette zone en raison de la guerre qui faisait rage entre les forces armées soudanaises et l’Armée de Libération du Peuple Soudanais (APLS). Dans le camp adverse, les Etats-Unis, utilisant des organisations de mercenaires et agissant par l’intermédiaire d’Etats africains voisins, ont soutenu les armées rebelles qui ont des bases en Ouganda, en Ethiopie et en Erythrée, pour affaiblir le gouvernement soudanais, empêcher TOTAL de relancer ses opérations sur le « Bloc 5 » et peser plus lourd dans l’attribution des contrats d’exploration et d’exploitations pétrolières. Tandis qu’elle maintient la pression militaire et alimente la déstabilisation du pays, l’administration américaine veut empêcher tout autre pouvoir de mettre la main sur le pétrole soudanais. Bien qu’elle ait obtenu, il y a 24 ans, des contrats pour l’exploitation et la production du pétrole soudanais, la France n’a pas été en mesure de procéder à cette exploitation en raison de la guerre dans le sud.

La compagnie canadienne Talisman Energy a également subit de lourdes pressions de la part des Etats-Unis, et fait actuellement l’objet de poursuites aux Etats-Unis pour "complicité de génocide et de crimes de guerre ".

L’exploration pétrolière au Soudan a commencé au début des années 1960, mais les exportations de pétrole n’ont commencé qu’en 1993. Le groupe américain Chevron s’est retiré du Soudan en 1985, après y avoir investi 1,5 milliards de dollars. Chevron avait découvert du pétrole sur plusieurs sites, mais en trop petite quantité pour justifier le maintien de ses installations dans une zone de guerre.

Les compagnies américaines ont quitté le Soudan avant que le véritable potentiel pétrolier du pays ne soit connu.

En 1997, des sanctions économiques imposées par les Etats-Unis ont rendu illégaux les investissements américains au Soudan. Depuis, la production de pétrole soudanais a atteint 500 000 barils par jour, contre 270 000 en 2003, et pourrait bien atteindre 750 000 barils par jour en 2006. Au demeurant, les profits pétroliers reviennent aux rivaux des Etats-Unis, et en particulier à la Chine.

Comment va l’Afrique, suite :



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