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RÉSEAU SOCIAL SOLIDAIRE

Développement humain dans le monde arabe, suite...

Voyage dans une économie au bord du chaos

Source : L’Expansion

Cette fuite frappe d’abord les pays qui ont connu ou connaissent encore la guerre. Et il faut dire qu’elle s’acharne, dans cette région du monde, depuis un demi-siècle. Les guerres y furent coloniales, civiles, frontalières, ethniques, offensives ou préventives, idéologiques ou religieuses, impérialistes ou terroristes... Et parfois interminables : vingt-cinq ans en Afghanistan, dix ans au Liban, huit ans en Algérie (contre la France), huit ans encore entre l’Iran et l’Irak... Sans compter les quatre guerres israélo-arabes, de 1948 à 1973, et l’Intifada palestinienne, dont nul ne voit l’issue. « Dans ce contexte déjà très lourd, l’intervention américaine en Irak a donné une nouvelle légitimité à la violence. Désormais, beaucoup estiment de leur droit de recourir aux armes pour faire valoir leurs intérêts privés ou pour défendre une cause », avance Dorothée Schmid, chercheur à l’Ifri.


28/09/2004

« Dans le grand Moyen-Orient, la plupart des pays sont obnubilés par la question de leur sécurité et ils y consacrent des ressources considérables, ce qui entrave leur développement, relève Mohamed el-Sayed. C’est l’une des différences flagrantes avec l’Asie, où les Etats-Unis ont assuré la sécurité des pays comme Taïwan ou la Corée du Sud. » Ce n’est pas seulement une question de moyens financiers absorbés par l’entretien et l’équipement d’une force militaire, cette situation a aussi souvent permis à l’armée d’occuper une position de force dans l’économie.

En Turquie, en Algérie ou au Pakistan surtout. En Egypte aussi : « En guerre quasi permanente avec Israël, le régime de Nasser s’était préparé à tenir un siège, et l’essentiel des biens vitaux devait être produit et géré par l’armée », rappelle l’économiste Françoise Clément.

Cette économie en uniforme n’a pas disparu : l’armée, la police et les services secrets possèdent encore de multiples entreprises, produisent des oignons, des jus de fruits, des réfrigérateurs ou des écrans de télévision, bâtissent des écoles ou des logements, et font vivre au moins 2 millions d’Egyptiens.

« Cette situation handicape l’économie, bloque les réformes et retarde l’évolution politique de ces pays, constate un diplomate européen. Les militaires appartiennent à une bourgeoisie d’Etat qui ne lâche pas de gaieté de coeur ses bastions économiques, et ils s’accrochent au pouvoir. » « Avec ce type de régime, la cause de la réforme est souvent brandie pour mieux la contrôler », ajoute le chercheur Alain Dieckhoff.

Poids de l’armée et défense de prébendes expliquent une autre aberration économique du grand Moyen-Orient. Les 22 pays de la zone se tournent le dos et commercent à peine ensemble. Là encore, la comparaison avec l’Asie, ou même l’Amérique latine, est éclairante. Au Moyen-Orient, les échanges à l’intérieur de la zone ne représentent que 7 % des échanges, contre près de 50 % en Asie. En Amérique latine et en Asie, un processus d’intégration commerciale régionale s’est peu à peu mis en place au début des années 80, avec l’Alena (Accord de libre-échange nord-américain) et l’Afta (zone de libre-échange de l’Asean).

Il s’est soldé par des démantèlements tarifaires. « Au Moyen-Orient, l’intégration régionale est restée une coquille vide », constate Guy Longueville, directeur des études économiques de BNP Paribas. Un pays comme l’Egypte commerce quatre fois moins avec ses voisins qu’avec l’Union européenne ! « En Asie, plusieurs Etats ont conçu un projet volontariste de décollage économique, ajoute Mohamed el-Sayed. Ils ont soutenu les entreprises privées en prêtant de l’argent, les poussant à exporter dans la région pour rembourser. Cela a créé une dynamique vertueuse : le développement de l’un profitait à l’autre ».

Le projet de George Bush de « remodelage » du grand Moyen-Orient avance la même idée. A côté d’un catalogue de bonnes intentions, parfois un peu naïves - contre l’illettrisme, pour la santé ou les élections libre -, le document que le président américain a présenté aux chefs d’Etat des pays les plus riches de la planète (le G8) contient quelques idées neuves pour renforcer l’intégration régionale : la création d’une banque pour la reconstruction et le développement sur le modèle de l’institution lancée pour l’Europe de l’Est au lendemain de la chute du mur de Berlin ; l’intégration des pays les plus réformateurs de la zone au sein de l’Organisation mondiale du commerce ; ou encore le lancement d’incubateurs d’entreprises privées communs à différents pays.

Après une première réaction violemment hostile des pays concernés, qui ont dénoncé une ingérence américaine, les débats ont commencé en septembre. Certes, les dirigeants arabes refusent encore de parler à la même table que les Afghans ou les Pakistanais, mais personne n’a décliné l’invitation à ce Forum pour l’avenir. « La pression est considérable, affirme un diplomate européen : la persistance de la guerre en Irak, le volontarisme américain, la sclérose économique et politique de régimes souvent vieillissants, tout pousse au mouvement. Il y a un bouillonnement d’idées, de projets, d’échanges totalement nouveau. »

Au risque de jeter un froid, plusieurs économistes mettent en garde : l’aide financière ne suffit pas, faute d’institutions locales fiables et efficaces. Beaucoup, d’ailleurs, jugent l’idée d’un nouveau « plan Marshall » consacré au grand Moyen-Orient irréaliste. « Les administrations locales, interface indispensable pour gérer des aides, sont bureaucratiques à l’excès et souvent corrompues », prévient Dorothée Schmid, qui relève que seuls 30 % du fonds européen consacré à la région ont été déboursés, faute de projets sérieux et de garanties minimales. « Beaucoup d’argent a déjà été injecté dans cette région, souvent sans créer le moindre effet d’entraînement », abonde l’Américaine Rachel Bronson, du Council on Foreign Relations, un think tank indépendant new-yorkais.

Ala suite des rapports du Pnud, d’autres chiffres tabous sortent de l’ombre. L’OCDE, une organisation qui regroupe les pays les plus riches, va révéler prochainement l’ampleur de la fuite des diplômés de la région : 214 000 Algériens, 202 000 Marocains, 141 000 Egyptiens, 110 000 Libanais ou encore 83 000 Irakiens ayant un niveau éducation supérieur travaillent et vivent aujourd’hui dans l’un des pays de l’OCDE. Une hémorragie qui prive les sociétés de leurs forces vives.

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