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RÉSEAU SOCIAL SOLIDAIRE

En soutien aux Urgences Maternité

Source : Interurgences
- Publié par Hugo Huon

le 24 Septembre 2019

Nous relayons la tribune envoyée par la maternité de l’hôpital Lariboisière et cosignée par une quarantaine de soignant.e.s du service. Là, une petite salle sert de lieu d’hébergement aux personnes les plus vulnérables. Les jeunes parturiantes et leurs bébés sont parquées dans un espace de quelques mètres carrés. Encore une fois l’hôpital est tiraillé par ses évolutions historiques contradictoires, entre les missions sociales (que le ministère refuse de qualifier depuis le début du mouvement de grève), l’hyper spécialisation et la rigueur budgétaire. Est entendu évidemment par “l’hôpital” que ce sont les soignant.e.s qui sont exposés à ces catastrophes humaines. Si ce n’est qu’une question d’organisation, peut-être sera-t-il proposé de déplacer ces personnes dans un autre placard plus excentré afin de majorer encore l’invisibilité de ces situations ? L’effondrement de la sphère sociale est contributive de la crise de sens que traverse les soignants de l’hôpital public. Il serait bon de s’en rappeler dans les débats actuels.


“Madame, Monsieur,

C’est un cri, un SOS , une bouteille à la mer lancée de la maternité de l’hôpital Lariboisière ! Le service est à bout de souffle, n’a plus d’énergie, et rien n’est fait…. Nous sommes des infirmières puéricultrices, des infirmières, des auxiliaires de puériculture, des aide-soignantes, des sage-femmes…. A tout les niveaux c’est la menace d’un craquage complet de l’ensemble de l’équipe ! Nous avions déjà sonné la sonnette d’alarme en septembre 2018. Nous avions informé de notre difficulté à prendre ne charge correctement et accueillir nos patientes et leur bébé. Nous avons réussi à obtenir un audit de la part de l’administration de l’hôpital sous la menace de notre chef de service d’arrêter toutes nouvelles inscriptions à la maternité.

Cet audit a bien eu lieu mais a surtout permis à la direction de l’hôpital de nous appuyer la tête encore plus sous l’eau. La réponse de cet audit est la suppression de 16 postes d’infirmières, de 2 postes d’infirmières puéricultrice sans pour autant baisser l’activité. Comment voulez-vous que l’on travaille dans ces conditions ? Les locaux sont vétustes avec des prises électriques non protégées, des moisissures aux plafonds, des canalisations qui se bouchent régulièrement, des matelas de lit lacérés, des fauteuils peu présents également lacérés, du matériel de soins qui tombe régulièrement en panne et qui n’est remplacé que 3 semaines plus tard…

Comment assurer la sécurité des patientes, des bébés quand nous sommes en sous effectifs à flux tendu, que nous vivons au-dessus de nos moyens d’accueil puisque tous les hôpitaux parisiens persistent et signent à nous envoyer les personnes en précarité ? Trouvez-vous cela normal qu’une dame habitant au fin fond du 77 vienne accoucher à Lariboisière ? Et lorsque nous lui demandons la raison, elle nous explique que la maternité proche de chez elle lui a indiquée notre hôpital « au vue de sa situation » ? Nous ne pouvons plus travailler dans ces conditions, nous faisons de la maltraitance envers les patients et rien n’est fait.

Et puis il y a la honte qui nous habite : devoir demander à une jeune maman de sortir de sa chambre avec son bébé et de descendre pour une « mise à l’abri aux urgences ». Une mise à l’abri ? Être là par terre, sans rien avec un bébé et voir même les aînés dans un local non adapté ? Il existe des locaux non utilisés par les hôpitaux qui pourraient être employés à l’accueil de ces jeunes mères en attendant un lieu adapté. Et qui est en première ligne pour mettre ces personnes dehors ? Nous les soignants ! Pas les administrateurs de l’hôpital ! C’est bien notre regard qui croise celui de ces mamans paniquées à l’idée de se retrouver dans un milieu hostile sans ressource. Ces mêmes mamans qui ont eu un parcours migratoire terrifiant et qui pensent qu’en France nous valons mieux que ces barbares qu’elles laissent derrière elles. Mais sommes nous vraiment mieux ? Lorsque que nous tentons d’avoir des explications, on nous demande de nous taire car c’est « comme ça ». Nous devons accueillir les autres patientes donc faire de la place. Un éternel recommencement, un tourbillon infernal où nous soignant nous continuons à nous enfoncer pour mieux nous noyer… Nous sommes fatigués, nous sommes usés, nous revenons sur nos jours de repos, nous faisons des heures supplémentaires qui ne seront jamais redonnés, arrêts de travail au quart de tour, … nous ne sommes que des pions, des lignes sur un tableau. Aucune considération pour notre vie personnelle. Nous devons être disponible pour le service sinon il y aura des conséquences. Si nous n’adhérons pas au nouveau plan de restructuration la porte nous est grande ouverte !

A la veille de la mise en place de cette nouvelle organisation de service, nous ne sommes pas en mesure de planifier quoique ce soit. Aucune clarté sur les nouvelles missions, les nouveaux horaires. La direction de l’hôpital nous a indiqué lors d’une réunion qu’à partir de novembre nous travaillerons en 12h avec la même densité de travail et moins de personnel. Nous demandons depuis plusieurs mois l’annonce et la présentation de nos planning et nous n’avons toujours pas de réponse. Ces suppressions de poste ne sont pas du tout anticipées ni réfléchies à la hauteur de notre travail car à compter du mois de novembre les infirmières puéricultrices par exemple ne pourront plus poser ni congés annuels ni de repos récupérateurs car en sous effectif. Trouvez-vous cela normal ?

Nous étions une équipe dynamique, active, voulant toujours aller de l’avant avec une bonne entente entre tous. Et aujourd’hui un an après notre première alerte nous somme désabusé.

Nous avons peur pour la sécurité des patientes, la sécurité des bébés. Si les conditions restent telles qu’elles une catastrophe va arriver comme il a pu se passer aux urgences générales.

C’est un réel cri de détresse, un appel à l’aide que nous vous envoyons en espérant faire écho avec les mamans dites « 115 » qui ont eu le courage de vous contacter. Et si votre faisceau de lumière pouvait s’agrandir un peu plus et s’intéresser également aux soignants ?”



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