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L’ "élection Dailymotion" : effets de loupe et effet boomerangSource : Le blog de Netpolitique/ Le 10/12/06 A la une de Libération.fr lundi dernier, on pouvait tomber nez à nez avec Nicolas Sarkozy, ou plutôt son image floutée, en illustration d’un article choc sur une "vidéo qui crucifie Sarko". On aurait presque pu se croire sur Fox News annonçant la découverte d’une nouvelle vidéo de Ben Laden. Nouvelle vidéo ? En réalité, cette vidéo existait depuis plusieurs mois. Une petite recherche sur le moteur de Dailymotion fait ressortir une version identique, intitulée "le vrai Sarkozy", antérieure de deux bons mois. Quant à l’auteur de la vidéo, il a pu être pisté et interviewé par une journaliste du gratuit Metro (damned) ; il indique avoir mis la vidéo en ligne sur Dailymotion en... juin. Les questions de dates et d’auteurs importent peu cependant : cette vidéo n’est pas la seule du genre, bien qu’elle soit sans doute l’une des plus abouties techniquement, mêlant sons, images, et montage pour en faire un redoutable clip de propagande. Est-ce de bonne guerre ? La question ne se pose pas, car la guerre des images sur internet ne connaît ni limites ni contrôles. Dans ces conditions, nécessité fait loi. Faut-il cependant que les grands médias braquent ainsi les projecteurs sur ce que la net-campagne a de plus laid à offrir ? Le phénomène de "l’élection dailymotion" est un phénomène radicalement nouveau et à ce titre mérite d’être couvert ; on assiste après tout aux débuts en France du "negative advertising" à l’américaine, voire même à une forme virale du genre qui même Outre-Atlantique défraie la chronique . John Kerry vient tout récemment encore d’en faire les frais. Il serait dommage cependant que le côté obscur du phénomène occulte complètement les aspects positifs ainsi offerts aux citoyens et aux candidats pour diffuser leurs idées et échanger avec le public. * François Bayrou vient ainsi de donner une interview de 3h au Politic’Show, diffusée au fil de l’eau. * Les discours de Nicolas Sarkozy, qui a pourtant moins de difficultés pour passer sur TF1, sont régulièrement mis en ligne, téléchargés et rediffusés abondamment sur ce même site de partage de vidéos. Ségolène Royal fait de même. * DSK de son côté propose sa propre WebTV avec des interviews vidéos de militants, d’élus, en plus de ses causeries au coin du blog. * Laurent Fabius enfin, vient d’organiser un chat live en vidéo sur son site. Faut-il se bercer d’illusions pour autant et s’attendre à ce que les candidats et les partis s’abstiennent longtemps de ce genre de pratiques offensives ? Tous savent trop bien combien il peut en coûter de laisser se propager ce type de vidéos sans réagir ou contre-attaquer. Ils savent aussi pertinemment, ne serait-ce qu’au regard de l’expérience et des études américaines, que le negative advertising est malheureusement plus efficace en termes d’impact, pour endommager la réputation d’un adversaire, que les messages positifs pour tenter d’améliorer sa propre côte de popularité. Ajoutons à cela la prime de viralité systématiquement attribuée aux vidéos négatives, choquantes ou satiriques et le calcul est vite fait : des vidéos/podcasts pour faire très officiellement passer idées et messages-clés, tandis que quelques militants zélés mènent de leur côté l’offensive contre l’adversaire, en glissant si possible quelques coups bas et peaux de banane. Bref, une situation gagnant-gagnant en apparence. A moyen terme cependant, c’est l’image de la classe politique dans son ensemble qui pourrait pâtir de ce genre de pratiques.
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