Motion du Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Deux ans pour en arriver là ! Malgré une opposition unanime de la
communauté universitaire et plus largement de la communauté éducative,
en voulant coûte que coûte passer en force et imposer son projet dit
de "mastérisation", le gouvernement a pris le risque de pulvériser la
formation actuelle des enseignants et d’engager une régression sans
précédent au regard des enjeux liés à la formation et au recrutement
des enseignants, et plus largement au devenir des jeunes et de la
société. Le gouvernement a fait le choix de priver de jeunes
enseignants de formation professionnelle, de mettre à genoux les IUFM -
leur potentiel de formation et de recherche, de bouleverser une offre
de master existante et de privilégier les officines privées au
détriment du service public.
Depuis son lancement jusqu’à cette séance du CNESER, la réforme de la
formation et du recrutement des enseignants est menée au pas de charge
et dans la plus grande impréparation. A deux jours ouvrés de la séance
du CNESER devant s’exprimer sur les maquettes de masters liées aux
métiers de l’enseignement, la majeure partie des dossiers n’avaient
pas été mis à disposition des élus. Seuls les avis de la DGSIP, ne
mentionnant aucune trace d’un traitement par l’AERES, étaient
accessibles. Comment dans ce cadre, instruire ces dossiers ? Le CNESER
dénonce un simulacre d’habilitation qui cherche à dissimuler les
conséquences de l’archaïsme et de l’impéritie gouvernementale sur la
formation des enseignants.
Les décisions prises à l’hiver dernier par le MEN et le MESR portant
sur la structure des concours, le calendrier des épreuves et le
cadrage des masters et des stages ont fait l’objet de critiques
extrêmement vives concernant la possibilité d’élaborer -dans ce cadre-
de vrais masters. Le CNESER rappelle que ces décisions inacceptables
rendent impossible la conception de formations universitaires de haut
niveau qui permettent la réussite des étudiants.
En l’absence de tout cadrage national portant sur :
* les structures de formation des enseignants et sur le rôle consenti
aux IUFM qu’il s’agisse des master ou de la formation des
fonctionnaires stagiaires déclinée dans chaque académie et laissée à
la discrétion des seuls recteurs,
* les moyens dévolus à la formation, dont l’attribution en cette
période d’austérité pour le service public dépend des délibérations
locales des conseils d’administration des universités,
* les contenus de formation qui ne peuvent même plus s’appuyer sur un
cahier des charges qui, au lieu d’être amélioré, vient d’être
récemment abrogé et ne garantissent par l’égalité de préparation à des
concours de la fonction publique,
le CNESER dénonce la rupture d’égalité territoriale et l’effondrement
des moyens dévolus à la formation des enseignants.
Dans une période d’austérité généralisée pour le service public, le
CNESER exige que l’engagement du premier ministre de ne pas supprimer
d’emplois en 2011 dans l’enseignement supérieur et la recherche soit
immédiatement réaffirmé.
Par son obstination et sa précipitation, le gouvernement est en train
de sacrifier les nombreux étudiants qui, ayant échoué à la session
2010 ou antérieures, ne pourront se présenter aux épreuves de la
session 2011, conséquence de la modification du niveau de formation
requis au concours et à l’absence de règles claires de validation de
la préparation aux concours 2010.
Le CNESER dénonce cette situation inacceptable pour des milliers
d’étudiants et demande des mesures spécifiques pour palier cette
injustice. Le CNESER exige la remise à plat de la réforme impliquant
le retrait des décrets concernant la formation des enseignants et des
textes d’application déjà publiés permettant de revenir impérativement
sur la place des épreuves d’admissibilité et de garantir une formation
en master de qualité et permettant de réelles réorientations pour les
étudiants en échec aux concours.