Officiellement, selon l’Élysée, plutôt que de répéter sans fin-et sans effet-droits de l’homme, droits de l’homme- il vaut mieux, par le commerce et l’investissement, aider la Chine à devenir un État... occidental et tant mieux si notre économie en profite au passage.
Cette logique comporte certes une part de vérité mais ne nous rend-elle pas aussi indirectement coupables de non-assistance à peuples en danger ? La politique chinoise vis-à-vis des minorités semble bien être - en dépit des dénégations de Beijing - une manifestation d’impérialisme Han.
Même si l’on faisait abstraction des plaintes réitérées de nombreuses « petites » minorités périphériques, il est difficile de rester insensible aux trois gros dossiers en la matière :
* le Tibet : depuis cinquante ans, le régime communiste poursuit, au nom de la lutte contre l’obscurantisme, une politique systématique et malheureusement efficace d’assimilation du peuple tibétain et de destruction de sa culture vivante (cf. La lettre du GDM, octobre 1998, Le sacré et le profane) ;
* le Sin Kiang : sous prétexte de lutter contre l’intégrisme islamique et le terrorisme dans cette région occidentale du pays de culture « turque » et de religion musulmane, les autorités centrales et l’armée détruisent les bases de la culture ouigoure (cf. La lettre du GDM, avril 1998, Les populations du Sinkiang) dans l’indifférence générale du monde ;
* Taïwan : cette grande île, refuge en 1949 des armées nationalistes du Kuo-Min-Tang, a développé une civilisation (pas seulement Han), une économie (libérale) et un système politique (démocratique) originaux. Pékin menace périodiquement de « reconquête » militaire ce pays qui aspire à l’indépendance ... et Paris fait mine de l’y encourager.
À trop vouloir se monter réaliste, on tend parfois à oublier l’essentiel. La Real Politik a des limites qu’il faut savoir ne pas dépasser.
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