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RÉSEAU SOCIAL SOLIDAIRE

Nos enfants

Source : Politis / Mardi 31 octobre 2006
- de Bernard Langlois

Oui, ce sont bien des enfants, nos enfants, les tristes héros de cette histoire de bus cramé à Marseille. Des enfants jouant avec de l’essence et un briquet, parce que personne ne leur a jamais appris que ça pouvait être dangereux, que ça pouvait avoir des conséquences terribles.

Ce n’est pas la première fois (souvenez-vous de ces gamines qui avaient enflammé la boîte aux lettres d’une copine, pour quelque grief de gamines, et le drame qui s’en était suivi), ce ne sera pas la dernière. Parce que l’émulation, la contagion. Peut-être que le drame de Marseille, le souvenir de cette pauvre petite victime - une enfant aussi, une jeune femme - transformée en torche, le choc que ça provoque, donneront un coup d’arrêt à ce jeu de petits cons : faire flamber un bus. Peut-être.

Mais il y aura d’autres jeux de cons qui prendront le relais, et d’autres drames.


Nos enfants ? J’en entends qui protestent. « Les miens ne sont pas comme ça. » Soit. Je vais vous dire : les miens non plus (enfin, mes petits-enfants, parce que mes enfants ne sont plus des enfants ...). Ils ont toujours su qu’on ne jouait pas avec les allumettes. On leur a appris. Quand je dis : nos enfants, c’est manière de parler. Je veux dire : les enfants de ce pays où nous vivons, la France. Les enfants de la République.

Je veux dire que nous avons tous, collectivement, la responsabilité de ces enfants-là, qui vivent ici, dans notre pays, qui y sont nés, y resteront - même s’ils ont des origines lointaines, « exotiques », « indigènes ». Ils sont sensibles, gais, attachants, comme tous les enfants ; ils sont aussi remuants, terribles, intenables, comme tous les enfants ; mais à la puissance dix. Parlez-en avec des profs qui exercent dans des quartiers « sensibles » : ils vous diront qu’ils les aiment, ces petits, qu’ils savent être charmeurs, adorables.

Mais aussi qu’il leur arrive de les détester, de les craindre. Les mêmes parfois, tour à tour. Prof dans ces quartiers, avec ces gosses-là - qui dès 13-14 ans vous dépassent parfois d’une tête -, ce n’est vraiment pas une sinécure. Il faut, pour tenir, une vraie vocation. Au bout de quelques années de carrière, beaucoup de jeunes profs, usés, demandent leur changement pour des bahuts plus calmes. Ils vont enseigner chez les enfants de bourges, c’est plus « cool », on les comprend.

N’empêche : parfois, ils les regrettent, leurs petits sauvageons.

SARKO , DEMISSION !

Alors, on va en faire quoi de ces gamins criminels quand on aura mis la main dessus (si on leur met la main dessus) ? Les punir, bien sûr. Tout crime mérite punition (le crime étant ici l’incendie du bus, pas les brûlures de la jeune femme - qui lutte encore contre la mort ce mardi matin -, qui en sont la conséquence ; on ne peut penser qu’il y avait intention de blesser, pire tuer ...), mais quelle punition ? La prison pourrissoir, où ils apprendront à devenir de vrais gangsters ? Le « centre d’éducation fermé », sans doute préférable, où l’on tâchera de les « redresser » (avant de les renvoyer à l’ANPE) ? Il n’y a pas de solution miracle.

Hors une extrême droite enfermée dans ses vitupérations racistes ordinaires, et qui n’a pas plus de remède que les autres forces du champ politique, chacun sait bien que ces criminels sont en même temps des victimes. Les victimes d’une société pourrie jusqu’à la moelle, où le chômage massif et la relégation sont devenus au fil des ans la norme, qui ne fait rien pour y remédier - pas plus hier qu’aujourd’hui -, sauf de l’esbroufe (hier Tapie, aujourd’hui Borloo), parce qu’au fond elle arrange tout le monde, cette situation, et d’abord un certain patronat (le même qui bétonne à tout va et qui inonde les antennes de télé de programmes merdiques, si vous voyez ce que je veux dire) pour qui ce chômage massif est une garantie de docilité de sa main d’œuvre, qui redoute de passer à la trappe.

Quant aux politiques, à part des élus de terrain (nombreux de gauche - ségrégation sociale oblige -, certains de droite - sont pas tous des têtes à claques comme Raoult !), qui font ce qu’ils peuvent pour écoper et s’usent à obstruer les voies d’eau, les plus nombreux se refusent à des remises en cause radicales, englués qu’ils sont dans le dogme de « la seule politique possible », enfermés dans leur « cercle de la raison », incapables de voir à quelle vitesse nous allons dans le mur ; quand ils ne fondent pas, pour les pires, leur destin personnel sur une stratégie de la tension supposée leur rallier des électeurs terrorisés. Et il faudra bien, à ce propos, faire cesser le petit jeu de ce « ministre de l’intérieur à temps partiel » (heureuse formule de Hollande) qui n’en finit plus d’user des moyens de l’Etat à son profit personnel de candidat.

L’exigence de la démission de Sarkozy, que demandent même certains syndicats de policiers, devient une urgence, non ? Je ne dis pas que ça réglerait tout, loin de là, mais ça enverrait au moins un signal positif. Et ce serait de salubrité publique ...

[ Extrait du bloc-notes de Politis, à paraître jeudi 2/11/06 ]

Bernard Langlois



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