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RÉSEAU SOCIAL SOLIDAIRE

Les dangers du Plan Sarkozy-Amara

Source : Le N P S / 04/03/2008
- Par Frederic Faravel

Sarkozy énonçait le 8 février ses priorités pour la politique de la Ville. Les maux dont souffrent nos villes ont débouché en 3 ans par 2 fois sur de graves émeutes. Dans les années qui viennent se joue le rétablissement de l’égalité républicaine ou l’affaissement de notre contrat social.

Dès l’introduction le décor est planté, un conservatisme compassionnel qu’on ne trouvait qu’en Amérique, une imposture sur les attaques spécifiques aux banlieues contre « l’idée que nous nous faisons de la laïcité ». Venant d’un Chef d’État qui s’emploie depuis son élection à brouiller l’image de la laïcité française nous apprécierons. Sarkozy développe surtout un projet réactionnaire sur les fonctions de l’État dans ses territoires.


Des incertitudes accrues pour les territoires

Il exige une réforme de la géographie prioritaire. Si « aucun quartier n’est jamais sorti de ces dispositifs et zonages qui étaient censés constituer un moyen de revenir à l’égalité », ce qui a manqué depuis 25 ans, c’est la constance de l’effort pour les quartiers populaires. Dans un contexte budgétaire serré, la diminution du nombre de quartiers prioritaires se traduira par la diminution de l’effort financier de l’État, qui n’assurera pas un développement social & urbain suffisants pour les habitants.

Les ministères sont appelés à lui présenter un programme sur 3 ans pour les quartiers « vraiment en difficulté ». À quoi ont servi les rencontres territoriales auxquelles tant de communes ont participé malgré leurs préventions ? Les défaillances résident avant tout dans l’inconstance des politiques et la diminution des crédits de droit commun, la désertion des principaux services publics. Faut-il attendre ?

Il exige une réforme profonde de « la répartition des dotations aux collectivités ». L’État limitera-t-il sous pression budgétaire les dotations aux collectivités ? Les crédits versés sont vitaux, on ne comprendrait pas une restriction au prétexte de mieux servir quelques uns... La solution ne réside pas dans le renvoi de l’action au seul échelon communal ou dans l’augmentation de la Dotation de Solidarité Urbaine. Ce qui nous manque, c’est la volonté d’exécuter des politiques puissantes de droit commun, la pérennité et le renforcement de services publics d’État pour garantir l’égalité républicaine sur tout le territoire.

Comment expliquer qu’on améliorera le fonctionnement administratif quand il annonce la création du binôme Préfet-Maire ? Les dispositifs fonctionnent ainsi depuis plusieurs années. Peut-il continuer à dire que les Préfets n’ont pas autorité sur les administrations décentralisées de l’État, sans porter atteinte à la crédibilité de l’État ?

Il annonce le désenclavement des quartiers en s’appuyant sur le Grenelle de l’environnement. Qu’il lève les réserves qu’il oppose au projet régional de SDRIF... Qu’il ouvre la discussion pour un financement cohérent du Contrat de Projet État-Région qui tel quel ne peut pas aboutir.

Une mise en cause des fondements de la solidarité nationale

Sarkozy dénonce les postulats idéologiques sur le logement social. Que fait-il lui-même ? La dégradation du cadre de vie tient essentiellement au manque d’entretien depuis plusieurs années des immeubles sociaux par les bailleurs privés ou publics ou à la transformation de quartiers d’habitat social en copropriétés.

La vente forcée de logement social engendrera des situations incontrôlables dans 10 à 15 ans, avec de nouvelles copropriétés dégradées. Il est plus simple de gérer du logement social sain que de soigner une nouvelle série noire d’habitat privé dégradé. Pourquoi promouvoir la mobilité des travailleurs face à l’économie d’un côté en défendant de l’autre la France des propriétaires ? Que les administrations publiques fassent des efforts supplémentaires pour une plus grande efficacité, personne ne s’en plaindra. Mais il prétend : « cet argent, on n’a pas le droit de s’en servir pour subventionner ceux qui ne veulent pas travailler ». C’est dresser les Français les uns contre les autres, y cherchant un avantage politique et électoral. Il dénonce ceux qui se complairaient dans l’assistanat, mais ce discours récurrent sur la fin de l’assistanat vise en fait à démanteler les mécanismes les plus élémentaires de solidarité nationale.

Une lecture identitaire et communautariste des quartiers populaires

L’identité revient plusieurs fois, alternant stigmatisation et discours lénifiant sur la diversité. Comment comprendre la création d’un ministère de l’immigration et de l’identité nationale, supposant que le 1er terme perturbe le 2nd, et lui accorder une crédibilité quand il dit : « La France c’est une identité dans laquelle se croisent les fils d’une multitude d’histoires individuelles et de cultures » ?

La composition de son gouvernement suffit-elle à combattre les discriminations sociales ? Il appelle les entreprises à « lutter contre l’exclusion, pour aider chacun à trouver sa place dans la société. », mais ne peut-il pas les appeler au respect de la loi ?

Il s’adresse « aux enfants d’immigrés, qui eux sont français », mais nous n’en sommes plus à un supposé problème d’immigration ou d’enfants de l’immigration, car la 3ème génération est autant touchée que les précédentes. Comment peut-il réduire la question à celle de l’origine quand nous faisons face à un problème durable de ségrégation territoriale et sociale ! Il entretient la confusion entre discriminations sociale et ethnique, pour éluder la réalité des conditions sociales où est enfermée toute une partie de la population.

Une lecture sécuritaire qui entretient une violence qui n’en a pas besoin

C’est la partie la plus concrète de son plan, quand tous les autres sujets sont imprécis. Il s’agit de « dessiner la ville du futur, ville sans pollution et sans violence ». Il se réfère à la « prévention situationnelle » et veut que la police s’empare de la rénovation des quartiers (Le Monde du 27 janvier 2008). Ministre de l’intérieur il a supprimé la police de proximité. Les 4 000 policiers supplémentaires (en 3 ans) des UTQ existaient avant qu’il ne démantèle la PUP. Personne ne contestera qu’il faille assurer la tranquillité à tous nos concitoyens, qu’il faille combattre la délinquance, la criminalité, les trafics avec persévérance et efficacité. C’est là que le bât blesse, pour être efficace il faut créer la confiance, il faut que les habitants sentent que la force publique les protège et ne les stigmatisent pas.

Ses discours et ses ordres, plus que les bavures, aboutissent à l’effet inverse et mettent en difficulté les forces de l’ordre, les agents publics et les acteurs associatifs. Lorsqu’il monte d’un cran le discours de violence, c’est la violence sur toute la population qui peut monter d’un cran. Le 8 février il utilise le mot de « guerre » : a-t-il appris ces dernières années que le vocabulaire que l’on emploie a une conséquence directe sur les personnes qui sont confrontées à la réalité des problème. Nous aurions aimé que les débordements verbaux du ministre de l’intérieur (Kärcher, racailles, Zyed et Bounah « jeunes délinquants »...), disparaissent chez le président de la République.

La méthode pour les interpellations à Villiers-le-Bel démontre qu’il préfère la facilité des images sur le professionnalisme et la résolution des problèmes. 1 000 policiers, devant les médias prévenus à l’avance, 35 interpellations, 20 mises en examen. C’est la population de 3 communes du Val d’Oise qui se sent salie. Là où il aurait fallu discrétion, économie de moyens et respect des habitants, on a choisi le choc des photos.

Le discours de Sarkozy le 8 février 2008 ne peut qu’inquiéter les élus locaux, les agents publics, les associations et les habitants. Il est Président de la République, il est encore temps de l’appeler à prendre de la hauteur pour inventer les solutions nécessaires à l’égalité républicaine. Il trouvera chez tous les acteurs de la banlieue des partenaires dynamiques car ils préféreront encore rechercher avec lui des solutions plutôt que la stratégie du pourrissement.

Autrement, c’est la situation qui se dégradera et des drames futurs qui exploseront. Nous pouvons avoir quelques craintes sur le fait que M. Sarkozy choisisse la bonne solution.

Frédéric FARAVEL, Secrétaire de section et membre du bureau fédéral du PS 95, Attaché territorial travaillant sur les questions de politique de la ville



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